Un peu d'inertie ferait le plus grand bien !
L'isolation, la ventilation ou l'(in-)étanchéité à l'air
Contrairement à ce qu'on pourrait croire en le lisant, ce titre n'est pas un reproche déguisé relatif à l'accélération des normes en matière de performances énergétiques des bâtiments. Si les termes d'isolation, de ventilation ou d'étanchéité à l'air commencent à avoir un « air de déjà entendu », arrêtez-vous quelques minutes sur les lignes qui suivent.
Un allié pour diminuer les pertes
L'isolation, la ventilation ou l'(in-)étanchéité à l'air sont trois vecteurs de déperditions thermiques pour toute construction. Ces pertes peuvent être pondérées et réduites par l'inertie des éléments mis en oeuvre.
L'inertie thermique caractérise la faculté d'une paroi à accumuler ou à rendre rapidement la chaleur ou la fraîcheur vers un local.
Plus l'inertie sera importante, moins vite la pièce se réchauffera ou se refroidira. Ce phénomène est facilement compréhensible. Lors de l'ouverture de la porte d'un réfrigérateur, l'inertie des aliments empêche la température intérieure du frigo de passer instantanément à la même température que la pièce où il se situe.
Une inertie importante limitera les pertes par ventilation ainsi que les pertes par l'inétanchéité à l'air de la construction. Elle augmentera la sensation de confort et évitera les phénomènes de surchauffe de plus en plus présents dans les bâtiments fortement isolés. Ces phénomènes de surchauffe sont très pénalisants dans le cadre des certificats énergétiques.
Massives ou légères ?
Une paroi est considérée comme massive, lorsque les éléments la constituant ont une masse volumique de minimum 100 kg par m2. Lors de ce calcul, seuls les éléments positionnés du côté intérieur, par rapport à un isolant ou à une lame d'air, sont à prendre en compte. Un isolant est défini comme un élément dont la conductivité thermique (le lambda) est inférieure à 0,15 W/mK. LE MAGAZINE ENERGIES+ UN PEU D'INERTIE… Prenons deux exemples. Un mur composé d'un bloc de terre cuite de 14 cm, d'un isolant de 10 cm, d'un vide d'air et d'une brique de parement peut être considéré comme massif. Un mur composé d'un bloc en béton cellulaire de 16 cm, d'une lame de 5 cm et d'un mur en brique de 20 cm ne sera pas massif suite à la présence de la lame d'air. Il le sera si le bloc en béton cellulaire présente une épaisseur de 20 cm.
Le massif, aussi en rénovation
Pour rénover des murs existants, ne perdez pas l'inertie de vue. Une pièce dont les murs seraient isolés par l'intérieur risque de provoquer un inconfort faisant suite aux réchauffements et aux refroidissements trop rapides qui seraient ressentis dans le local si ses murs perdaient leur inertie. La conservation de l'inertie thermique est un argument complémentaire pour préférer l'isolation des murs existants par l'extérieur ou le remplissage de la coulisse lorsque ce travail est envisageable. Lors de rénovations, essayez de conserver un caractère massif pour au moins la moitié des parois des pièces rénovées.
Intéressant en période estivale et hivernale ?
Au niveau du chauffage, l'intérêt de l'inertie est fonction du type d'occupation du bâtiment. Pour un bâtiment occupé occasionnellement, il n'est pas intéressant de rechercher une inertie importante. En effet, ce dernier doit pouvoir être réchauffé rapidement et peut se refroidir tout aussi vite en dehors des périodes d'occupation. Pour un bâtiment dont l'occupation n'est pas occasionnelle, comme une habitation ou des immeubles de bureau, une inertie globale importante permettra d'éviter un refroidissement nocturne trop rapide, malgré la mise en veille du chauffage la nuit. L'inertie limitera également la puissance de relance du chauffage, ainsi que les pertes que cette remise en route occasionne au matin. Au niveau de la limitation du risque de surchauffe, une inertie importante sera toujours appréciée.
Les cas des ossatures
S'il est vrai que les ossatures bois ont très bonne presse au niveau de leurs performances d'isolation, leurs différentes parois ne répondent toutefois pas à la définition d'une paroi massive : elles sont composées principalement de matériaux isolants et légers. Ce n'est pas pour autant qu'il faut bannir les ossatures en bois du paysage de la construction !
Conscients de cette problématique, les auteurs de projets et fabricants d'ossature tenteront au maximum de combiner l'inertie de certaines parois avec la légèreté des autres en fonction des ouvertures en façades et de l'orientation de celles-ci.
Ne vous limitez pas aux parois délimitant le volume protégé ! Le défi consistera à conserver dans tout projet un minimum de 40 à 60 % de parois massives sur la totalité des parois.
L'inertie thermique est donc un élément difficilement quantifiable et peu pris en compte à sa juste valeur lors de l'élaboration d'un projet. Et pourtant, l'impact de la surchauffe et la consommation théorique de refroidissement calculée par les logiciels PEB sont directement proportionnels au niveau d'isolation. Vu les épaisseurs croissantes d'isolant à mettre en oeuvre, un choix adéquat pour la composition des différentes parois, notamment en fonction de l'inertie souhaitée, prendra toute son importance dans les années à venir.